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Plus tard, je faisais connaissance avec une autre truite, plus allante, celle de Schubert, en alternance avec les colchiques dans les prés et les feuilles d'automne, tout ce petit monde peuplant nos heures de chant en cours moyen.
En 1967 les filles et les garçons n'allaient pas à la même école et celle des filles du bourg principal de la commune, à deux km de notre village, comptait deux classes; du CP au CE2 et du CM1 jusqu'au certificat d'études. Madame R., la directrice enseignait dans la classe des grandes et le programme était pour toutes le même. La dictée, l'arithmétque, l'histoire, la géographie, les sciences naturelles et la couture.
Dans la cour de récré, c'était le saut à l'élastique, les balles au mur et la marelle.
Et puis en fin d'année, la remise des prix, sous un soleil de plomb.
À la maison, on me traitait de garçon manqué parce que je grimpais aux arbres et sifflais comme mon père les mélodies entendues à la radio et je mis un certain temps à comprendre pourquoi ma mère me disait sans arrêt: "tu veux une ficelle?".
Mais le comble fut le jour, où, munie d'une épée cadeau de Noel, je fis qu'un geste de l'épée, un Z qui veut dire "ZORRO", sur les parois de la véranda que mon père venait d'installer pour protéger l'entrée des vents froids venant de la Loire. Je m'en souviens encore comme si c'était hier, un plaisir sans pareil à graver ces Zèdes dans les grandes fenêtres de plastic mou, un délice...mais qui me valut une journée entière au lit, la punition à l'époque, la plus pénible qui fût. 24 h au lit, sans livre, ni musique à regarder le plafond et à se faire ch..... Je n'avais le droit de me lever que pour venir manger et aller aux toilettes.
Je ne fus victime de cette punition que deux fois dans ma vie et la deuxième me fut octroyée à très injuste titre! En effet notre chat Gribouille était rentré un soir à la maison, les moustaches coupées au raz des babines, tant et si bien qu'il en avait perdu le sens de l'équilibre.
Encore aujourd'hui, je revendique mon innocence, mais pour mes parents cela ne pouvait être que moi, ma frangine ayant peur du chat, n'aurait jamais eu même l'idée d'aller lui tailler les bacantes de la sorte. Que le triste personnage qui osa faire pareil outrage à cette pauvre bête se le tienne pour dit:Il ne l'emmènerait pas au paradis!
Ces années d'école primaire furent paisibles, les garçons ne faisant que de très brèves apparitions, à la cantine et dans le bus scolaire, mais mon entrée en secondaire allait chambouller tout ça, et pas qu'un peu!
En septembre 1971, j'entrais en sixième dans un CEG se métamorphosant en CES, à une quinzaine de km de chez moi, dans une classe en préfabriqué d'un collège posé en plein champ, en attendant que la construction du CES à l'autre bout de la ville soit terminée. Nous étions neuf filles et 17 garçons, dont deux d'entre eux avaient déjà 15 ans. Les classes de transition avaient été dissolues et les élèves répartis dans différentes classes de 6ième. Cette rentrée fut pour moi un tournant désisif dans mon apprentissage à la mixité scolaire partagée avec une gente masculine en proie à un taux de testostérone aigu....