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Ces quatre années de collège furent particulièrement décisives pour ma vie ultérieure. Ces fameuses maths modernes qu'on nous avait annoncé comme un cataclysme s'etaient avérées être un jeu d'enfant, comparées aux problèmes de mètres cube d'eau s'écoulant dans l'éternelle baignoire et aux trains qui arrivaient toujours à l'heure, non pas parce que la largeur de leurs voitures leur permettait d'entrer dans toutes les gares, mais parce qu'on savait l'âge du conducteur et que les michelines ne faisaient aucun excès de vitesse!
Le nouveau directeur du collège et son épouse étaient rentrés tout fraîchement d'Afrique et je me souviens très bien de leur teint bazané, lui, grand gaillard en costume gris-clair, cheveux gomminés et petite moustache fine et elle, grande aussi, élégante,cheveux blond cendré, souvent vêtue de cuir noir et qui se trouvait être notre prof de maths. Ils étaient toujours de bonne humeur et avaient le droit de fumer dans la cour de récré quand ils étaient de surveillance.
Fini le saut à l'élastique, on était passés du tac au tac au tac-tac fracassant dont l'écho retentissait dans l'immense cour carrée de l'établissement.
Notre prof d'anglais se faisait appeler Miss H., très sympa, toujours de noir vêtue en pantalon pattes d'ef'et tunique. Par contre Mme C., notre prof de français et d'histoire-géo, portait une blouse toujours ouverte, les cheveux grisonnants courts, habillée classique, maquillage impeccable, elle n'aimait pas les copies de couleur, prétextant qu'elles lui faisaient mal au coeur,mais elle nous fit traverser en une année, l'ancienne Égypte, la Rome antique et surtout la Grèce, dont elle nous lut des passages de L'Illiade et l'Odyssée pendant des heures. Cette prof nous fit mettre en scène les classiques de Molière mais en nous les faisant jouer dans notre langage. C'est avec elle aussi que pendant les "fameux 10%"nous fîmes du cinéma, de la photo en noir et blanc, du dessin au fusain. Elle avait l'accent du sud de la France, tout comme ma première instit et ma prof de français de quatrième.
Ce ne fut que vers la fin de cette première année de collège que les choses commencèrent à se dégrader. Les garçons balançaient nos cartables par les vasistas et on finissait toujours par se battre. "Défendez-vous, les filles" était le mot favori de ma mère. Des crises de rire insensées et inoubliables, la grosse tête de la classe faisait le commerce des listes de verbes irréguliers anglais.
"Poil de Carotte" et "Vipère au poing", "Roméo et Juliette", "le malade imaginaire" ne m'avaient pas pour autant fait oublier "le clan des sept" ou "le club de cinq", "le mystère des gants verts" et quelle n'était pas la surprise des adultes quand ils apprenaient que je voulais devenir 'espion'....
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