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Je me souviens chercher sous la robe de ma mère ta présence, toi, le frère que tu n'es pas et pourtant tant attendu par toute la famille. Coco bel oeil, devais-tu t'appeler ou Franck, même si mon grand-père trouvait que c'était un prénom de B.... Pour nous tu étais le bébé qui allait nous transformer en grandes soeurs.
Ensuite, c'est dans tes chaussures à tiges et en maillot de bain que je te vois, voulant entrer dans nos chambres pour déranger ce que nous appelions notre maison. Tu te donnais des claques puis allais te plaindre auprès de notre mère qui ne pouvait pas s'imaginer un seul instant qu'une enfant aille jusqu'à se battre elle-même pour arriver à ses fins.
Nous ne sommes jamais allées dans la même école en même temps, ainsi le voulaient les cinq années qui nous séparaient et à mes 10 ans tu étais la petite peste choyée et ménagée à laquelle nous n'avions surtout pas le droit de toucher mais que je devais peu à peu faire obéir quand les parents étaient absents. Pas de claques mais des fenêtres grandes ouvertes devant lesquelles je te mettais debout après t'avoir sortie de ton lit douillet pour que tu n'arrives pas en retard à l'école, les douches froides pour calmer tes colères incroyables quand nous ne faisions pas ta volonté et puis ce jour mémorable où tu nous demandas pourquoi tu ne pouvais pas entrer dans nos confidences et à moi de te répondre que tu étais une rapporteuse et encore qu'une môme. Plus jamais ces cinq années ne furent aussi présentes que ce jour-là, j'avais 16 ans et tu en avais 11.
Je n'étais pas là pour fêter tes 18 ans, car j'étais déjá partie à travers le monde, mais tu fus la première à venir me rendre visite dans le grand Nord où j'habitais. Ma petite soeur qui prenait très au sérieux la façon dont je vivais et j'agissais et à cette époque je n'en avais pas encore pris vraiment conscience.
Nous fûmes enceintes en même temps, toi, de ton deuxième garçon et moi de mon unique fille et nos divergences dans l'éducation de nos enfants étaient telles que je ne passais pas un séjour en France sans que nous disputions.
Et puis ce 3 janvier 2014 où tu annonçais que ton radiologue s'était vraiment trompé lors de ta dernière mammographie, que c'était bien un cancer que tu avais? Ton tempérament colérique t'a fait réagir comme il le fallait, tu t'es enfin sentie prise en charge par des gens compétents, tu t'es battue et cette sale bête a reculé jusqu'à complêtement disparaître, et pour qu'elle ne revienne pas elle sera assommée aux rayons et moi je te dis haut et fort, courage, ça ira mieux demain!